5. Renaissance du pastel sous Napoléon 1er
Lors du blocus continental, décrété par Napoléon le 21 - 11- 1806 pour mettre l'Angleterre à genoux, l'indigo devint rarissime et hors de prix.
Or entre 1806 et 1810, les besoins de poudre colorante furent préoccupants. La "Grande Armée" de 600 000 hommes se préparait à la campagne de Russie, il fallait teindre en bleu soutenu les uniformes, donc utiliser des stocks considérables, environ une centaine de tonnes.
Il promit de véritables fortunes à qui trouverait le moyen d'obtenir facilement de la poudre colorante. Des savants de l'Europe entière se mobilisèrent pour obtenir les résultats attendus. La méthode connue, il ne resta plus qu'à relancer la culture. Albi où végétait l'Isatis, retrouva pour un temps son titre perdu de capitale du pastel.
En juillet 1811, pour 3 ans, est créée à Albi la 1ère école du pastel. On y donnera un enseignement théorique et pratique sur l'extraction du colorant dans le pastel. Elle se situera dans des dépendances de l'ex-château du Lude (actuellement Bon Sauveur).
L'abdication de l'empereur en 1814 remet tout en question. La captivité de l'empereur brise ce nouvel élan agricole et industriel d'un second Pays de Cocagne. Le retour de la monarchie est aussi celui de l'indigo exotique, d'un prix toujours aussi imbattable. Malgré tout, le pastel ne disparut pas totalement de la région. Un journal local "le journal du Tarn" publiait en 1882 la dernière allusion aux champs de pastel albigeois lors d'un concours agricole régional.
Aujourd'hui, un renouveau
Actuellement, plusieurs hectares sont plantés en Ariège en collaboration avec l'école de chimie de Toulouse. Sitôt cueillies les feuilles sont précipitées dans des cuves afin d'en extraire le bleu pastel.
Cinq siècles après sa disparition, le Pastel reprend racines. De congrès en laboratoire de recherche, on découvre et redécouvre ses qualités. De nouvelles applications voient le jour dans les beaux-arts, la décoration, la mode mais aussi en cosmétologie et pharmacie. Des laboratoires français, américains et chinois recherchent aujourd'hui des produits anticancéreux dans les feuilles du pastel.
Derrière l'image de rêve de ce Pays de Cocagne se cache une réalité un peu différente : une culture difficile, une structure commerciale complexe, la concurrence de l'indigo. On comprend donc pourquoi cette plante, source d'enrichissement pour une minorité, ne fut pour beaucoup qu'un mirage.
Pourtant aujourd'hui un avenir industriel est encore possible si des débouchés commerciaux lui sont favorables. Alors, cette crucifère qui fit la fortune du "Pays de Cocagne" pourrait bien devenir la plante du IIIème millénaire.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 92 autres membres